Oh, Blalérie. Tu as osé. Tu as bravé l’hiver, le bon goût, les codes, les sens et, parfois même, la syntaxe. Et comme chaque saison, je me suis assise au premier rang, emmitouflée dans une fourrure vintage (que tu qualifierais probablement de "morte-vivante" et que PETA qualifierait autrement), pour contempler le chaos que tu appelles une
collection. L’expérience est comparable à une tempête de neige sous acide : on ne sait pas si on est au ski, en club, ou dans un délire sous kétamine dans un placard IKEA.
LOOK 1 – LA REINE DÉNEIGE
Dès l’ouverture, on est glacé. Littéralement. Une "reine" orange comme un fond de Spritz éventé, aux bijoux XXL dignes d’un marché nocturne à Mykonos. Sa perruque est une attaque frontale à la gravité. Le message semble clair : l’hiver est une saison de narcissisme, d’égo surgelé et de botox givré. Très bien. Mais la finesse ? Elle a fondu.
LOOK 2 – LE HÉRISSON
Un hérisson. En camaïeu de bleu. Rien que ça. On est à mi-chemin entre Sonic le cosplayeur et un test de Rorschach sur LSD. Il veut "être vu", dis-tu. Mission accomplie. Mes rétines hurlent encore.
LOOK 3 – LA PRINCESSE DÉNEIGE
Une mariée de Las Vegas égarée sur le retour de la soirée. Le voile est un trophée de guerre. Le catwalk, un miracle. L’eye-liner, chirurgical. Est-ce une robe ? Est-ce un déguisement ? Est-ce un aveu ? Peu importe, on applaudit la décadence. Mais pas deux fois.
LOOK 4 – QUI ÇA, QUI ÇA ?
Alors là.
Le Démon de Minuit. Nom d’une chanson, concept de boîte de province et maintenant... tenue. Il est armé. Littéralement. Une épée carbone, parce que pourquoi pas ? L’homme que personne n’invite mais qui finit toujours dans vos stories Instagram.
LOOK 5 – LA CRÉATURE
Elle a des cornes, un kimono, une branche de mimosa (?!), et apparemment une passion pour le kleptomanie poétique. On dirait une figurante dans un film de fantasy fauché, déguisée en concept artistique. L’idée est là, mais l’exécution est aussi confuse que sa généalogie inferno-hivernale.
LOOK 6 – LA BOURGEOISE
Ah, l’aristocratie. Son QI est aussi mince que sa taille, dis-tu ? Merci pour cette confession. Son spray tan est une agression olfactive, et son collier de fleurs me donne envie de gifler un agent de voyage. Une satire brillante, si c’en était une. Malheureusement, je crois que tu étais sérieuse.
LOOK 7 – RUDOLPH
Il est lila. Il a un nez. Il est
non comestible. Et on nous le précise, comme si quelqu’un, quelque part, avait envisagé de le servir au réveillon. Honnêtement, je ne sais pas ce que je regarde. Est-ce un drag queen cervidé ? Une mascotte sous crack ? Le mystère est intact, l’intérêt un peu moins.
LOOK 8 – LE BOURGEOIS
Fourrure végane teinte au sang de riche ? Très bien, la satire est donc bien présente. C’est grotesque, outrancier, et presque chic. Sauf que ses doigts sont morts. Littéralement. Peut-on applaudir un look qui inclut de l’amputation ? C’est audacieux. C’est absurde. C’est Blalérie.
LOOK 9 – LA DRYADE II
Un peu de poésie au milieu du foutoir. Belle tentative. Une créature aquatique, végétale, dorée. Le seul look qui pourrait presque passer un casting chez Dior s’il fermait les yeux. Elle "reflète la beauté" ? Peut-être. Mais dans le miroir de la collection, elle semble égarée.
LOOK 10 – LA TRANS FAIRY
Le message est noble, la fée est fière, le drapeau est là. Mais cette perruque polaire tissée en ours... était-ce vraiment nécessaire ? On frôle le militantisme kitch, ce qui, dans Blablafantasy, semble être une vertu. On respecte l’intention, on questionne la réalisation.
Blalérie ne fait pas de la mode, elle fait du Blalérie. Un mélange de satire, de délire, de clubbing, de folklore queer et de mauvais goût revendiqué. Elle ne cherche pas à plaire ; et c’est sans doute ce qui la rend regardable. Mais la mode, elle, demande un peu plus que du concept : de la coupe, de la matière, une once de rigueur. À trop vouloir choquer, tu oublies parfois de créer. On dirait une performance scolaire de fin d’année où tous les costumes auraient été faits avec des rideaux volés à un Airbnb de Cancùn. Alors oui, tu bouscules les normes. Tu t’attaques à l’hiver avec des armes psychédéliques. Mais parfois,
less is more, et dans ton cas...
more is ridiculous. Tu es le Cirque du Soleil sous MDMA. Tu es l’anti-minimalisme. Tu es Blalérie. Et je suis fatiguée.
Blablana Wintour
Rédactrice en Cheffe de la Mode Blablafantasienne